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D’UNE MUSE À L’AUTRE : TROIS FEMMES MODÈLES

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MARIE LAPRADE, L’INITIATRICE
« [...] Si parfois encore vous pensez à moi ces temps-ci, dites vous bien que je vous aime plus que moi-même ». Bourdelle, lettre à Marie Laprade, 12 janvier 1898. En 1889 Bourdelle s’éprend de la veuve de Paul Laprade, notable montalbanais qui avait été l’un de ses bienfaiteurs. Elle a huit ans de plus que lui. Elle s’adonne à la peinture – le panneau décoratif au revers de la porte de l’atelier est de sa main. Une relation intense se noue. Ils échangent des lettres ardentes : elle sera sa muse, son initiatrice. Quand elle le rejoint à Paris, elle est ce modèle qui lui inspire à l’envi des photos, des dessins, des pastels, des sculptures ou des peintures : Marie en deuil, Marie à l’ombrelle, Marie au jardin… Au-dessus de la commode sont réunis treize petits portraits de Marie Laprade sur toile ou sur bois, esquissés d’une touche tantôt impressionniste et vibrante, tantôt fluide, dans une harmonie de noirs et de gris d’une veine symboliste. Autant de recherches picturales pour saisir au plus juste la présence de la femme que l’artiste rêve d’épouser. Mais Marie Laprade ne veut pas changer de vie. Leur relation se distend tandis que Bourdelle s’attache à une autre femme –Stéphanie van Parys.

STÉPHANIE VAN PARYS, ÉPOUSE ET MODÈLE
« Voilà ! J’ai réalisé ma pensée la plus chère. Je suis heureux et je rends heureux – Je ne suis pas détourné de mon travail. » Bourdelle, lettre à M. de Marigny, 26 mars 1904. La liaison de Bourdelle et de Stéphanie van Parys débute peutêtre vers 1890, lorsque cette jeune employée du magazine Femina vient poser à l’atelier pour un pastel. La jeune femme est mariée. Bourdelle continue de vivre en garçon, libre de se consacrer à son art. En 1901 ils ont un fils Pierre, que Bourdelle reconnaît en 1903. Le 22 mars 1904, il épouse Stéphanie van Parys, enfin divorcée. Rodin est son témoin. La nouvelle famille prend bientôt ses quartiers dans les ateliers de Montparnasse. Les deux petites huiles Pierre et sa mère et Stéphanie van Parys au jardin (à droite et à gauche de l’armoire-vitrine) ou la série de clichés que Bourdelle réalise entre 1905 et 1910 (cf. « Album de famille »), renvoient plutôt l’image du bonheur conjugal – du moins les premiers temps. Stéphanie prend la pose pour un buste et dévoile ses formes généreuses d’épouse modèle dans plusieurs sculptures : Les Pommes (1907), Le Nuage (1907). Mais dans Pénélope (1905-1912), les traits de Stéphanie sont unis au corps de l’élève grecque, Cléopâtre Sevastos…

CLÉOPÂTRE SEVASTOS, NOUVELLE MUSE ET SECONDE ÉPOUSE« Chaque fois que je passe près de ta statue, chérie, je la caresse. Le soir, souvent seul, dans l’atelier paisible, crépusculaire, je m’appuie contre elle et je la tiens. » Bourdelle, lettre à Cléopâtre Sevastos, vers 1908. Cléopâtre Sevastos entre dans l’atelier de Bourdelle dès 1903. Le grand portrait des Trois soeurs Sevastos enfants (au-dessus de méridienne) garde mémoire des origines de la jeune femme, née en 1882 dans une famille aristocratique de Grèce . L’élève assidue devient bientôt la collaboratrice indispensable, la praticienne dévouée et… l’Autre muse : « Vous êtes belle telle que vous êtes, lui déclare le maître, on n’a qu’à vous copier. » Dans Femme sculpteur au repos (1905-1908) ou Femme à la fontaine (1909), on retrouve la robe à large plis, la coiffure tressée, les yeux en amande de celle que Bourdelle célèbre comme une vivante incarnation de la Grèce. Stéphanie, Antoine et Cléopâtre – cette relation triangulaire se dénoue en 1910. Bourdelle divorce de Stéphanie van Parys tandis que Cléopâtre, enceinte, s’est réfugiée en Grèce où elle accouche de Rhodia le 10 avril 1911. Bourdelle épouse son élève en 1912. Cette nouvelle paternité, cette seconde famille sont désormais le socle inébranlable du sculpteur.


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